Les images parvenues de Washington sur la courte prise du Capitole ce 6 janvier, alors que la session du Congrès devait confirmer la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle du 3 novembre, aurait, d'après les média mainstream, semé le trouble parmi l'establishment occidental.
Les élites actuellement au pouvoir auraient vu que la bête révoltée, qui se forme lors d'une profonde colère populaire, peut toujours jaillir à tout moment et vouloir les renverser. Cette révolte, qui gronde, semble leur faire peur car des mouvements populaires, réclamant le pouvoir au peuple, couvent aussi en Europe, en France, en Allemagne, par exemple.
Une nouvelle guerre civile annoncée? L'auteur de Die Welt, Torsten Krauel, exige, tout en se félicitant de son blocage sur Twitter et Youtube, l'arrestation de Donald Trump et de ses sympathisants en comparant le président sortant à Benito Mussolini et à sa «marche sur Rome» car celui-ci s'alliant à la foule qui a pris le Capitole est, selon lui, «passé au millimètre près à la limite de la trahison».
C'est la première fois depuis l'invasion britannique de 1814 que le Capitole est pris d'assaut, souligne-t-il tout en évoquant la possibilité d'une guerre civile américaine dans quelques semaines ou dans quelques mois dans le futur. En effet, les Américains, qui soutiennent Donald Trump, sont bien armés. «Si lui et ses partisans ne sont pas arrêtés maintenant, ces électeurs ne reviendront jamais à la raison», écrit le journaliste.
La sédition est inévitable? La prise du Capitole rappelle la minuscule tentative d'assaut de patriotes allemands du Reichstag à la fin du mois d'août dernier à l'issue d'une manifestation dénonçant les mesures sanitaires liées à la Covid-19. Die Welt s'inquiète de cet événement au Capitole car «certains admirateurs allemands seraient secrètement tout aussi heureux de [le] faire» puisque «leurs slogans: Récupérez votre pays! Le peuple se lèvera un jour! Les entreprises de média vont être un jour attaqués!, sont parfois similaires».
Pendant que Die Welt et d'autres média officiels parlent d'une tentative de coup d'Etat à Washington, il semble que la volonté de prendre le Reichstag ou la prise du Capitole inquiètent l'élite mondialiste. La question est de savoir si cette résistance en France, en Allemagne ou aux Etats-Unis va devenir active pour provoquer la sédition à l'ordre actuel? En France, la braise du feu déclenché par les Gilets jaunes couve toujours sous les pavés de France.
L'establishment mondial inquiet. La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré que «nous avons tous vu les images troublantes de la prise d'assaut du Congrès américain hier soir, et ces images m'ont mise en colère et [rendue] aussi triste» car «une règle fondamentale de la démocratie est qu'après les élections, il y a des gagnants et des perdants. Tous deux ont leur rôle à jouer avec décence et responsabilité pour que la démocratie elle-même reste la gagnante» et «je regrette beaucoup que le président Trump n'ait pas reconnu sa défaite depuis novembre et pas non plus hier. Les doutes sur le résultat des élections ont été suscités et ont créé l'atmosphère qui a rendu possibles les événements de la nuit dernière».
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a condamné l’action: «Je condamne sans réserve le fait d’encourager des personnes à se comporter de manière honteuse comme elles l’ont fait au Capitole»; «Toute ma vie, l’Amérique a représenté des choses très importantes: une idée de la liberté et une idée de la démocratie». Le journal canadien précise qu' «il a estimé que Donald Trump avait ''totalement tort'' quand il a ''encouragé les gens à envahir le Capitole'' et ''sans cesse jeté le doute sur le résultat d’une élection libre et juste''».
Le président français, Emmanuel Macron, a notamment défendu la démocratie américaine: «Nous ne céderons rien face à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause»; «Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d’un président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d’une élection, c’est une idée universelle – celle d’un homme, une voix – qui est battue en brèche»; «Ce qui est arrivé aujourd’hui à Washington n’est pas américain, assurément».
Le premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahou, a lancé: «Le saccage du Capitole hier était un acte honteux et doit être vigoureusement condamné»; «Je n'ai aucun doute sur le fait que la démocratie américaine triomphera, elle l'a toujours fait».
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a expliqué: «Nous sommes évidemment préoccupés et nous suivons la situation minute par minute»; «Nous espérons que les choses vont se calmer».
Philippe Rosenthal
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