Malgré un intense travail de plusieurs mois en termes de lobbying et de pressions multiples, Washington n’a pas réussi à réaliser l’un de ses principaux objectifs à l’international du moment : celui de faire prolonger l’embargo sur les armes contre l’Iran et à relancer des sanctions onusiennes à son encontre.
Pour la République islamique, il s’agit évidemment d’un succès. D’ailleurs, lors de son allocution à la 75ème session de l’Assemblée générale des Nations unies par visioconférence depuis Téhéran, le président iranien Hassan Rohani n’a pas manqué de pointer du doigt la politique étasunienne. Il a notamment déclaré «que les Etats-Unis ne peuvent nous imposer ni des négociations, ni une guerre», soulignant pour que pour le monde, il est aujourd’hui temps de dire «non» aux brimades et à l’arrogance. Tout en ajoutant que «la vie est dure sous sanctions, mais encore plus difficile sans indépendance», accentuant ainsi sur la détermination iranienne à ne pas céder face aux pressions et sanctions US.
En effet, le dossier sur lequel misait tellement l’establishment washingtonien résonne comme un échec évident. D’ailleurs, nombre de médias occidentaux ont fait état de l’échec américain dans ce dossier, ainsi de que de « la fracture sans précédent entre les Etats-Unis et l’Europe à l’ONU».
Pour le leadership iranien, il s’agit évidemment d’une victoire, tant sur le plan extérieur qu’intérieur. En conseil des ministres, le chef d’Etat iranien le confirme: «La nation iranienne a remporté un grand succès politique, juridique et diplomatique aux Nations unies. La raison de cette victoire réside uniquement dans l’adhésion et la résistance du peuple (…) La grandeur de l’Amérique s’est effondrée, tout comme l’hégémonie mondiale dont ils pensaient disposer».
En parlant maintenant de perspectives, évidemment l’obtention de ce succès politico-diplomatique pour Téhéran est à mettre à l’actif de sa capacité de résistance aux sanctions et pressions, visant notamment son économie et son secteur énergétique, sans oublier les menaces régulières d’agression militaire à son encontre. C’est un fait qu’il est aujourd’hui fort difficile de nier.
D’autre part, il est également assez évident que la puissante solidarité sino-russe au Conseil de sécurité de l’ONU, y compris dans le soutien à l’allié iranien sur ce dossier, a joué un rôle de poids majeur. Poussant vraisemblablement par la même occasion les alliés européens de Washington à se désolidariser de lui sur ledit dossier – évidemment non pas par un désir de justice ou par un soutien au monde multipolaire, mais probablement bien plus par calculs mesquins. Le manque de soutien de leur part aux actions étasuniennes peut être vu comme une façon de jouer, une fois n’est pas coutume, la carte de souveraineté dont les pays en question manquent cruellement dans leur suivi constant, remarqué par les observateurs, des prérogatives de Washington.
Ceci étant dit, il apparait aujourd’hui qu’au vu des déclarations émanant d’outre-Atlantique, l’establishment US, malgré l’isolement, ne prévoit pas de reculer. Et menace déjà ouvertement non seulement Téhéran, mais également ses alliés chinois et russe. Bien que cette obstination washingtonienne à prétendre rester l’hégémon mondial et à vouloir à tout prix à imposer sa volonté au reste de la planète, semble plus que jamais compromise. Et cela, même les élites occidentales, bien que nostalgiques de l’ère unipolaire révolue, semblent comprendre de plus en plus.
Deux choses sont néanmoins sûres. Pour Washington, cette défaite évidente dans sa volonté d’isoler l’Iran est dure à avaler. Quant à l’Iran, il aura encore une fois démontré être une nation qu’il est fort compliqué à faire plier. Grande civilisation oblige.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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