Le ministère russe de la Défense a dévoilé pour la première fois au public les conditions déterminant la possibilité de l'utilisation de l'arme nucléaire par la Russie. Moscou recourra à son potentiel nucléaire en cas de toute frappe de missile contre son territoire. C'est ce qu'indique l'article préparé par l'état-major des forces armées intitulé "Les fondements de la politique nationale de la Fédération de Russie en matière de dissuasion nucléaire".
Selon cet article, puisqu'il est question de savoir s'il s'agit d'un missile nucléaire ou non, tout projectile de ce genre se positionnera comme nucléaire. Le commandement militaire russe recevra immédiatement les informations sur un lancement et décidera quelle doit être sa réaction.
Le ministère de la Défense explique que les conditions concernant l'usage par l'adversaire de l'arme nucléaire ou autre arme de destruction massive, l'impact sur les sites critiques russes, ainsi que l'agression avec l'usage de moyens offensifs conventionnels ne doivent susciter aucun doute chez les experts.
Les auteurs de l'article précisent que Moscou a déterminé les "lignes rouges" que personne ne doit franchir, cependant si un adversaire potentiel osait le faire, "la riposte sera dévastatrice".
L'article indique également que la cessation du traité sur la réduction des armes stratégiques (START 3) pourrait pousser le monde au seuil d'une catastrophe nucléaire.
"La hausse des tendances négatives dans le monde qui accompagne le processus de mise en place d'un nouveau système de sécurité régionale et mondiale contribue à la création de prémisses à l'intensification de menaces actuelles et à l'apparition de nouvelles menaces pour la sécurité militaire de la Fédération de Russie, qui pourraient dégénérer en conflits armés de différente envergure et intensité", précise le ministère de la Défense.
Début juin, Vladimir Poutine a validé les Fondements de la politique nationale en matière de dissuasion nucléaire conformément auxquels la Russie "considère l'arme nucléaire uniquement comme un moyen de dissuasion, dont l'usage est une mesure forcée extrême". La dissuasion a pour but de faire savoir à l'adversaire potentiel l'inévitabilité de contremesures, souligne le document.
Le START 3 signé en 2010 reste le seul traité en vigueur entre la Russie et les Etats-Unis sur la réduction des armements, qui expire en février 2021. Washington n'a pas encore annoncé s'il avait l'intention ou non de le prolonger.
De hauts responsables américains ont parlé de la nécessité de faire participer la Chine aux négociations afin d'élaborer un nouvel accord nucléaire trilatéral. Pékin rejette cette idée. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a indiqué de son côté que Moscou prônait la prolongation du traité sans conditions préalables.
Alexandre Lemoine
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