La réalité multipolaire du monde actuel a, entre autres, eu un mérite indéniable. Celui de mettre au grand jour la pleine incapacité des USA à assumer une concurrence digne de ce nom à l’international. Au-delà des sphères politico-diplomatique, géopolitique ou militaire, le gendarme autoproclamé est également incapable d’accepter une véritable concurrence dans le domaine économique.
Lorsque Washington est dans l’incapacité à détruire pleinement la souveraineté de certains pays, il se lance néanmoins dans un véritable Far-West en vue de lui voler ses ressources naturelles. Car à défaut de pouvoir en prendre un contrôle intégral, le vol peut néanmoins être partiel. Comme cela se fait d’ailleurs aujourd’hui, dans une partie de la Syrie.
A défaut de pouvoir en prendre un quelconque contrôle en vue d’un pillage des dites ressources, l’establishment étasunien engage des sanctions visant soit à asphyxier les économies des Etats indépendants (Iran, Venezuela notamment) ou à faire en sorte de limiter fortement la commercialisation des produits de ses concurrents géopolitiques et géoéconomiques. Cela est d’ailleurs pleinement visible dans les cas de la Chine ou de la Russie.
Les exemples sont multiples. Dans le cas concernant Pékin, les attaques étasuniennes visent plusieurs compagnies chinoises de grande envergure à l’international, notamment du domaine high-tech – un domaine dans lequel les Etats-Unis n’imaginaient probablement pas d’avoir une concurrence digne de ce nom à l’époque de l’ère unipolaire aujourd’hui révolue. Parmi elles Huawei ou un exemple encore plus récent ByteDance et son réseau social TikTok.
Bien souvent en utilisant effectivement des accusations farfelues – comme le fait d’une prétendue collecte d’informations par les autorités chinoises sur les utilisateurs, en oubliant presque toujours de rappeler comment les grandes et moyennes compagnies US collectent justement toutes les informations possibles et confidentielles au niveau mondial, bien souvent en collaboration avec les services secrets étasuniens.
Dans le cas de la Russie, les exemples ne manquent guère aussi. Que ce soit les menaces de sanctions visant les clients de Moscou dans le secteur de l’armement – allant même à menacer ses propres alliés, comme c’est le cas avec la Turquie dans le cas de l’acquisition du système des S-400. Ou dans le secteur énergétique, où Washington menace là aussi ses propres alliés européens, en souhaitant à tout prix imposer ses propres livraisons de gaz et de pétrole – même si cela coûtera sérieusement plus cher aux consommateurs des pays d’Europe, et que la logistique de ces livraisons étasuniennes sera bien plus complexe que celle arrivant via la puissance eurasienne. Le high-tech russe, à l’instar du chinois, n’est lui aussi pas épargné. L’exemple du géant russe d’édition d’antivirus Kaspersky fut également fort révélateur.
Le souci pour Washington et c’est d’ailleurs ce qu’il n’arrive toujours pas à comprendre, c’est que ces attaques visant les intérêts aussi bien de la Chine, de la Russie et d’autres pays – auront forcément un effet boomerang, sans pour autant que le seul et unique objectif recherché par l’élite US puisse être atteint, à savoir casser toute concurrence possible. Car si des compagnies comme Huawei ou Kaspersky sont aujourd’hui si performantes au niveau mondial, ce n’est pas des sanctions, intimidations ou pressions qui les feront disparaitre du marché international. Au contraire, dans un certain sens on peut même parler d’un coup de pouce publicitaire supplémentaire pour la commercialisation des produits des dites entreprises, ou d’autres.
D’autre part et Washington doit en prendre sérieusement note – les ripostes éventuelles des puissances rivales se feront parfaitement ressentir pour les compagnies étasuniennes, y compris les plus grandes, avec au final des pertes ou des limitations de marchés, pouvant se comptabiliser en centaines de millions, voire en milliards, de consommateurs. Plus que cela et au-delà des adversaires géopolitiques déclarés, les USA risquent de voir arriver des réponses y compris de la part de leurs alliés, notamment européens, qui ne pourront probablement pas indéfiniment accepter des rôles de sous-traitants, devant suivre à la lettre les prérogatives washingtoniennes. Et si cela devait arriver en complément des mesures de réponses émanant des partisans de la multipolarité, la chute ne sera qu’accélérée.
Quant au vol pur et simple des ressources naturelles d’autres pays, la résistance des peuples concernés fera certainement en sorte que les USA plieront, à un moment ou un autre, bagage. D’ailleurs et pour rappel aussi, si Washington a limité aujourd’hui les agressions militaires ouvertes contre des Etats souverains, ce n’est pas tant due à l’amabilité étasunienne, mais tout simplement à la compréhension des capacités de riposte actuelles pouvant viser de telles agressions. Au moins quelque chose que l’establishment US comprend.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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