De plus en plus d’informations sont apparues sur l’ampleur du gel des marchés financiers à la mi-mars qui a menacé de créer un krach financier plus important que celui de 2008, dans un contexte où l’on craint de plus en plus que la création massive de monnaie par la Fed et d’autres banques centrales, en réponse à la crise, ne crée les conditions d’un désastre encore plus grand.
La chute du dollar américain et la forte hausse du prix de l’or sont l’une des indications de l’imminence d’une tempête financière. L’or a atteint un record de 1.944 dollars l’once lundi, portant sa hausse pour l’année à 25%. Un reportage publié dans le New York Times la semaine dernière sur la crise de mars – le déclencheur de l’intervention de la Fed – s’est concentré sur l’activité des fonds spéculatifs, hors de toute portée réglementaire, qui avait poussé «des parties critiques des marchés financiers américains» vers un effondrement. Selon le reportage, certains fonds spéculatifs ont entrepris des opérations à fort effet de levier pour soutenir des stratégies similaires à celles employées par Long Term Capital Management en 1998, dont la disparition a failli déclencher un effondrement financier qui n’avait été évité que par l’intervention de la Réserve fédérale de New York.
Pour illustrer l’incapacité des autorités de régulation à contrôler de quelque manière que ce soit l’anarchie du marché capitaliste, l’article note que les restrictions plus strictes imposées aux opérations bancaires par la loi Dodd-Frank ont poussé «la prise de risque dans les coins sombres de Wall Street». A la mi-mars, alors que l’impact économique de la pandémie COVID-19 devenait apparent, les marchés sont devenus très volatils et le financement des échanges n’était plus disponible. De nombreuses transactions n’étaient plus rentables et «certains fonds spéculatifs ont été contraints de se débarrasser de dette publique».
«Les banques auraient pu agir comme des antistress en achetant des titres et en trouvant des acheteurs», note l’article. «Mais elles détenaient déjà de nombreuses obligations d’État et ne pouvaient pas en gérer davantage, en partie à cause des réglementations établies après 2008. Tout le monde était vendeur: les investisseurs ordinaires, les banques centrales étrangères et les fonds spéculatifs. Presque personne n’achetait. Le marché de la dette publique américaine, qui est au cœur du système financier mondial, s’est arrêté».
Lorsque les effets de la pandémie ont commencé à se propager, la Fed est intervenue en réduisant les taux d’intérêt à zéro. Mais cela s’est avéré insuffisant et des signaux d’alarme ont retenti lorsque le rendement des obligations a commencé à augmenter, ce qui est une indication de la vente des titres citée dans l’article. Le reportage a souligné que les dangers n’étaient pas inconnus et dès novembre 2016, un groupe de travail sur les fonds spéculatifs, créé pour examiner les risques posés par de nombreux fonds spéculatifs utilisant des stratégies similaires, avait averti qu’ils «pouvaient être une source d’instabilité en période de turbulences».
Mais avec l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump et son souci de stimuler les marchés financiers, le groupe de travail sur les fonds spéculatifs a été désactivé. L’ancienne présidente de la Fed, Janet Yellen, qui a été interviewée pour l’article, a noté: «Il est très dangereux d’avoir un régime dans lequel vous savez que cela peut arriver. La Fed a fait des choses incroyables cette fois-ci». Reflétant son rôle de porte-parole des démocrates, le New York Times voudrait sans doute présenter la crise comme résultant des actions de l’administration Trump. Mais les actions du gouvernement, qui a fourni des billions de dollars de soutien aux entreprises par le biais de la loi CARES, et les interventions «incroyables» de la Fed, qui a fourni des billions de dollars supplémentaires pour tous les secteurs des marchés financiers – obligations d’État, dettes d’entreprises, y compris les obligations de pacotille, dettes d’étudiants et de cartes de crédit, papier commercial et obligations municipales – ont été entièrement soutenues par les démocrates au Congrès.
L’afflux de plus de 3.000 milliards de dollars sur les marchés financiers en seulement quatre mois a maintenant conduit à ce que le Wall Street Journal a décrit comme une «fusion» de tous les actifs financiers. La hausse rapide du prix de l’or devient préoccupante à la fois en raison de ce qu’elle indique sur l’état des marchés financiers et, plus important encore, parce qu’avec des billions de dollars créés en appuyant sur un bouton d’ordinateur, elle pourrait être le signe avant-coureur d’une crise de confiance dans la monnaie centrale du monde: le dollar américain.
Nick Beams