Ce dimanche, le premier Grand Prix F1 de la saison couru en Autriche a vu l’ensemble du paddock uni contre le racisme. Des pilotes, cependant, portent un regard critique devant cette tradition qui est arrivée il y a peu de temps des Etats-Unis à la suite de la mort de George Floyd sous le genou d’un policier blanc et ont décidé de rester debout.
Lewis Hamilton, le seul pilote noir du plateau, portait sur son tee-shirt le slogan Black Lives Matter au moment où les autres pilotes, mais pas tous, ont mis un genou à terre pour symboliser le soutien au mouvement suprémaciste noir. Lewis Hamilton a déploré le manque d’investissement de ses homologues dans la lutte contre le racisme.
Alors que certains pilotes du sport automobile de F1 ont décidé de suivre Lewis Hamilton dans son action politique, d'autres sont restés debout. Tous les pilotes n'acceptent pas cette manière actuelle de traiter la question du racisme.
Kevin Magnussen, le pilote de Haas, était l’un des quatorze à s’agenouiller, mais samedi soir, il a expliqué qu’il ne le faisait pas pour soutenir le mouvement Black Lives Matter, mais qu'il prenait position plus largement contre le racisme: «Je pense que c’est quelque chose dont on a beaucoup parlé et c’est difficile parce qu’il y aura toujours des gens qui l’interpréteront de différentes manières»; «Je vais me mettre à genoux mais pas parce que je soutiens l’organisation BLM, je soutiens simplement l’ensemble du mouvement que le monde entier semble se rassembler pour mettre fin au racisme. C’est pour ça que je suis, et c’est pour ça J’essaye de montrer demain en m’agenouillant. «J’espère que la partie agenouillée n’appartient pas à un groupe ou une organisation en particulier. J’espère que les gens le verront comme un symbole de soutien à l’ensemble du mouvement qui se poursuit actuellement pour mettre fin au racisme et à la discrimination», a-t il expliqué.
Pour ces pilotes, qui n’ont pas mis un genou à terre, c'est de l'humiliation. Finalement, si tous ont arboré un t-shirt noir estampillé End Racism sur la ligne de départ avant de s’engouffrer dans leurs baquets respectifs, le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull), le Monégasque Charles Leclerc (Ferrari), l'Espagnol Carlos Sainz Jr, le Russe Daniil Kvyat (AlphaTauri), l'Italien Antonio Giovinazzi (Alfa Romeo) et le Finlandais Kimi Räikkönen (Alfa Romeo) sont restés debout. Pour ces six pilotes, le mouvement qui a suivi la mort de George Floyd est trop exploité politiquement.
Charles Leclerc a expliqué la pensée de ces collègues: «Je crois que ce qui compte, ce sont les faits et les comportements dans notre vie quotidienne plutôt que les gestes formels qui pourraient être considérés comme controversés dans certains pays»; «Je ne prendrai pas le genou mais cela ne veut pas du tout dire que je suis moins engagé que les autres dans la lutte contre le racisme». Avant l’hymne national autrichien, quatorze pilotes ont donc mis un genou à terre tandis que six sont restés debout.
L'idéologie véhiculée par Black Lives Matter n'obtient pas le soutien de tous car pour eux, il faut lutter contre toutes les formes de racisme et pas seulement pour un seul et unique groupe. Mettre un genou à terre n’est donc pour eux pas le pied. Le sport cultive un esprit particulier et se mettre à genoux cela aurait signifié prendre position pour un groupe seulement contre d'autres. En effet, il est écrit dans tous les documents des organisations sportives qu'il ne doit pas y avoir de discrimination. Quand quelqu'un s'agenouille devant quelqu'un - c'est en partie de la discrimination, de l'humiliation. Personne ne doit s'agenouiller, ni blanc devant le noir, ni noir devant le blanc.
Philippe Rosenthal
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