C'est dans un article publié par le Figaro que l' essayiste français Nicolas Baverez parle du nouveau Pearl Harbor en analysant le sort réservé aux Etats-Unis.
Déjà en 2016, l'expert des Etats-Unis qui posait la question lors d'un débat organisé par la Villa Gillet «L’Amérique: encore un modèle?» pour savoir si «les États-Unis qui s’affirment encore aujourd’hui comme la première puissance mondiale, sont-ils, à long terme, toujours un modèle viable ? dit seulement quatre ans après et de manière radicale que les Etats-Unis sont en train de s'effondrer comme l'URSS à son époque.
Selon Nicolas Baverez, qui avait déjà bien analysé la situation en écrivant il y a quatre ans que «les États-Unis, qui n’ont jamais été aussi divisés depuis la guerre de Sécession, se présentent comme un Janus au double visage, le Covid-19, qui a fait 117 426 morts aux Etats-Unis, est devenu le nouveau Pearl Harbor. L'épidémie a provoqué une récession historique et selon l' essayiste français la politique «suicidaire» du chef de l'Etat plonge les Etats-Unis dans une atmosphère de guerre civile tout en notant que le pays traverse actuellement de graves crises. Ce Pearl Harbor se voit «lorsque 45 millions de personnes ont perdu leur emploi en trois mois et que le PIB en 2020 devrait chuter de 6,5%».
La mort de George Floyd, après avoir été détenu par la police de Minneapolis, a en outre provoqué des émeutes raciales et des vols dans de nombreuses villes américaines, rappelant les émeutes de 1968 après l'assassinat de Martin Luther King. L'essayiste fait également fait remarquer que le populisme de Donald Trump avec ses intentions de recourir à la loi de 1807 sur la répression des soulèvements et de donner à l'armée le droit de rétablir l'ordre, contrairement aux fondements de l'État de droit et aux objections des dirigeants militaires, plonge le pays dans le chaos. Cependant, l'expert français souligne que, contournant le Congrès, mettant la pression sur la justice et l'armée, le président américain détruit l'équilibre existant mais qu' une telle politique du président américain ne le prive pas de la possibilité de se revoir élu cette année.
Donald Trump souhaite répondre aux crises qui traversent les Etats-Unis et il a notamment fait la mention de quatre mesures pour reprendre le dessus de la situation sur les troubles qui agitent le pays. Le président américain a ainsi promis de travailler sur le bien-être économique des minorités, de s'attaquer à l'inégalité d'accès aux soins médicaux, de rendre la police plus conforme aux normes professionnelles et de ne pas la priver de financement.
Des dizaines de villes américaines organisent des manifestations de masse qui sont accompagnées d'émeutes et d'affrontements avec la police à la suite de la mort de George Floyd. Dans certains États, ces manifestations ont pris la forme d'émeutes avec des lynchages, de vols, de tirs et d'incendies criminels. Les manifestants accusent la police et la société d'avoir des préjugés racistes.
Nicolas Baverez, qui écrivait en 2016 qu'«ériger les États-Unis en modèle est contestable et dangereux», explique aujourd'hui qu' «un peu plus de trente ans après l’effondrement du soviétisme, les États-Unis menacent à leur tour de se désintégrer» tout en donnant raison à Tocqueville «qui soulignait que les démocraties meurent moins des défaites militaires que de la corruption de leurs institutions par les démagogues et de la perte du sens civique des citoyens sous l’effet de l'individualisme.
Les émeutes actuelles et la création d'une «zone autonome» appelée «Capitol Hill Autonomous» en plein Seattle apportent la preuve de cet effondrement d'ailleurs rapide.
Pierre Duval