Ce dimanche soir, Emmanuel Macron, le président français, a pris la parole trois mois après avoir mis le pays à l'arrêt pour parler des sujets d'urgence liés à la crise et à l'après crise, de la réouverture des restaurants en Ile-de-France, de l'assouplissement des règles dans les écoles, de la colère des policiers suite aux manifestations BlackLivesMatter ou des «séparatistes» tout en invitant chaque Français dont lui-même «à se réinventer».
Ce dimanche Emmanuel Macron a ouvert une nouvelle phase du déconfinement en parlant d' «une première victoire contre le virus» tout en précisant l'importance de respecter «pour longtemps encore les règles de distanciation»: «Nous allons retrouver pour partie notre art de vivre, notre goût de la liberté. En somme, nous allons retrouver pleinement la France. Cela ne signifie pas que le virus a disparu et que nous pouvons baisser totalement la garde».
Le président français a mis un terme plus tôt que prévu au déconfinement en annonçant que toute la France passera au «vert» dès lundi 15 juin: «Nous pourrons tourner la page du premier acte dès demain (ce lundi) sur tout le territoire» sauf en Guyane et Mayotte. Les visites pourront de nouveau être autorisées en maison de retraite ou établissements de santé. Cependant, les rassemblements resteront très encadrés, a prévenu le président de la République.
Avec la crise économique brutale qui s'annonce en soulignant avoir mobilisé «près de 500 milliards d'euros pour notre économie, pour les travailleurs, pour les entrepreneurs, mais aussi pour les plus précaires» le président français a voulu exclure une augmentation des impôts pour «financer ces dépenses»: «Notre pays est déjà l'un de ceux où la fiscalité est la plus lourde, même si, depuis trois ans, nous avons commencé à la baisser. La seule réponse est de bâtir un modèle économique durable plus fort, de travailler et de produire davantage pour ne pas dépendre des autres».
Le chef de l'Etat a annoncé sur le plan économique un «investissement massif pour l'instruction, la formation et les emplois de la jeunesse»: «Nous le lui devons, nous lui avons tant demandé durant la période. Elle va encore avoir un été et une rentrée si difficile et c’est elle qui porte la dette écologique et budgétaire». Parlant d' «une Nation où chacun, quelles que soient ses origines, sa religion, doit trouver sa place», le Président souhaite «intensifier le combat pour permettre d’obtenir les diplômes et les emplois qui correspondent aux mérites et talents de chacun et lutter contre le fait que le nom, l’adresse, la couleur de peau réduisent encore trop souvent encore l’égalité des chances que chacun doit avoir».
Emmanuel Macron est aussi revenu sur le contexte actuelle concernant les forces de l'ordre: «Nous ne bâtirons pas davantage notre avenir dans le désordre, sans ordre républicain, il n'y a ni sécurité ni liberté. Cet ordre, ce sont les policiers et les gendarmes sur notre sol qui l'assurent. Ils sont exposés à des risques quotidiens en notre nom. C'est pourquoi ils méritent le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la nation».
Alors que plusieurs manifestations antiracistes ont eu lieu sur le territoire, le chef de l'Etat a dit que la France «ne déboulonnera pas de statues»: «Nous serons intraitables face au racisme, à l'antisémitisme et aux discriminations. Et de nouvelles décisions fortes pour l'égalité des chances seront prises (…) mais ce combat noble est inacceptable lorsqu'il est récupéré par les séparatistes. La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire».
Emmanuel Macron a aussi promis d’ouvrir «une page nouvelle» donnant davantage «de libertés et de responsabilités à ceux qui agissent au plus près de nos vies», comme les maires, les hôpitaux ou les universités: «Tout ne peut pas être décidé à Paris, les territoires ont montré leur ingéniosité» pendant la crise du coronavirus, «faisons-leur davantage confiance».
Une nouvelle allocution en juillet. Ce dimanche, Emmanuel Macron a rajouté qu'il s'adresserait aux Français «en juillet» pour préciser un «nouveau chemin» et «lancer les premières actions»: «Je m'adresserai à vous en juillet pour préciser le nouveau chemin que les temps imposent, lancer les premières actions. Et cela ne s'arrêtera pas». Pour relever les «défis historiques» que le pays doit affronter, le président appelle chaque Français, dont lui-même «à se réinventer».
Olivier Renault