Depuis une génération l'idée de "l'argent dans la politique" travaille les réformateurs politiques de l'Amérique. Ils pensent que les organisations politiques qui réunissent l'argent et le dépensent pour des campagnes électorales corrompent les politiques. Selon eux, la réforme du financement de campagnes électorales évincera l'argent de la vie politique, les politiques deviendront indépendants des groupes avec des intérêts spéciaux et voteront en fonction de leurs convictions, estime William Stroock, auteur américain de fiction militaire.
En dépit de toutes les discussions sur la réforme du financement de campagnes électorales, le plus grand défaut de la vie politique des Etats-Unis aujourd'hui est probablement le système des primaires, où deux partis élisent leurs candidats. Le candidat disposant de l'argent et du soutien de l'organisation manipule facilement le système et peut se faire passer pour un favori et un candidat absolu. C'est ce que faisait George W. Bush, élu par l'establishment du parti républicain en 2000. Tout comme Hillary Clinton, même si Barack Obama l'a tout de même battue en 2008.
Aujourd'hui, presqu'un an après le début de la nouvelle campagne, le parti démocratique n'a pas de favori évident. Selon un récent sondage de Morning Consult mené début novembre, l'ancien vice-président Joe Biden est en tête de la course préélectorale avec 31%. Le soutien de ce dernier représenté par les Afro-Américains et les forces modérées du parti démocrate est large, mais pas fondamental. Joe Biden est suivi par le socialiste Bernie Sanders (20%) et la sénatrice Elizabeth Warren (18%). Aucun d'eux n'est assez populaire pour clore la nomination du candidat principal des démocrates.
Ce qui fait penser à Hillary Clinton. Depuis que son mari a brigué la présidence en 1991, Hillary n'a cessé de se frayer un chemin vers la Maison blanche. Elle a fait son premier pas en 2000 en devenant sénatrice. Avec une réélection réussie en 2006. En 2008, Hillary Clinton faisait partie des principaux candidats démocrates à la présidence. Personne n'avait réussi à la stopper à l'époque, sauf le jeune sénateur démocrate d'Illinois, Barack Obama. Hillary Clinton n'avait rien à opposer à la jeunesse et au charisme d'Obama, à sa biographie, et à l'étape finale elle a dû renoncer à la course. Mais elle a été nommée secrétaire d'Etat au sein de l'administration Obama et ainsi a ajouté une étoile de plus à son palmarès politique. En 2016, Donald Trump a remporté l'élection, et Hillary Clinton est rentrée chez elle après une autre campagne éprouvante.
En général, après une défaite le candidat revient à son poste précédent, comme le sénateur John Kerry en 2004 ou John McCain en 2008, ou encore quittent la politique, comme Jimmy Carter en 1980. Mais pas Hillary. Trois ans plus tard, cette dernière reste sous le feu des projecteurs. Elle a publié le livre What Happened ("Ce qu'il s'est passé") présentant sa vision sur la campagne de 2016. Dans son livre elle accuse de sa défaite tout le monde – la presse, le FBI et même les Russes, sauf elle-même. Depuis, elle a sillonné les Etats-Unis et les pays occidentaux en critiquant la politique de Donald Trump et en rabâchant constamment sa "théorie du complot" sur l'ingérence des Russes dans les élections.
En fait, même à l'étape tardive Hillary refuse d'exclure sa participation à la course présidentielle pour la troisième fois. Dans une interview à la BBC la semaine dernière Mme Clinton a déclaré qu'un grand nombre insistait pour qu'elle se présente de nouveau. Elle a déclaré notamment: "Comme je dis – jamais, jamais, jamais ne dis jamais. Je peux vous dire que beaucoup de gens exercent une immense pression sur moi pour que j'y pense." Etant donné que ses deux tentatives précédentes ont échoué, c'est peu probable. Mais il est fort à parier qu'elle-même Hillary Clinton veut se représenter à la présidence pour la troisième fois. Et pourquoi pas?
Hillary Clinton fait partie de la vie politique de l'Amérique depuis plus longtemps que Franklin Delano Roosevelt. Tout ce qu'elle faisait depuis le début de sa carrière politique tournait à une catastrophe – que ce soit le développement des terrains dans l'Arkansas, la réforme de la santé, Benghazi et la Libye. Mais cette femme refuse de prendre sa retraite pour profiter paisiblement de sa fortune.