Richard Labévière montre la désinformation des médias sur l'intervention militaire turque contre les Kurdes. «La machine médiatique à décerveler s’est à nouveau emballée avec la dernière offensive turque menée dans le nord de la Syrie», écrit l'écrivain et journaliste et expert du Proche et Moyen Orient et dénonce «l'intervention des émotions et de la morale sur la réalité des faits» dans un texte publié sur son blog ce lundi 14 octobre tout en s'étonnant que l'Union européenne «n’annule pas la discussion concernant une adhésion de la Turquie à l’UE ou que l’OTAN ne prenne pas des mesures pour condamner clairement l’attaque unilatérale de l’un de ses principaux Etats membres». «Pourquoi aucune sanction économique n’est envisagée pour répondre au coup de force d’Ankara?», s'étonne aussi le journaliste.
Pour Richard Labévière les accusations des «belles âmes droits-de-l’hommistes» comme «Bernard-Henry Lévy et ses complices et Caroline Fourest - la «menteuse des plateaux» -, qui a sorti son film sur les combattantes kurdes «Sœurs d’armes» («financé par des bailleurs de fonds israéliens» écrit Richard Labévière)., «multiplient les impostures intellectuelles» et «usent et abusent de l’anachronisme historique n’hésitant pas à qualifier la non-réaction occidentale face à l’offensive turque de «Munich d’aujourd’hui». Avec cette désinformation et les journalistes qui «situent tout juste la Syrie sur une carte» il n'est «pas simple donc, de chercher à comprendre cette nouvelle péripétie de la «guerre civilo-globale» de Syrie» écrit Richard Labévière en précisant que «les médias occidentaux accusent régulièrement Damas d’avoir délibérément libéré des milliers de jihadistes emprisonnés pour justifier ses opérations militaires» alors que «cette affirmation est un contre-sens absolu, dans la mesure où cette demande était une exigence de l’Arabie saoudite afin de permettre aux représentants de l’opposition syrienne – nommés et financés par Riayd – de continuer à participer aux discussions de Genève sous l’égide des Nations unies».
Il est dit que «le «Rojava», serait une entité «fédérale démocratique comprenant les trois cantons «kurdes» – d’Afrine, de Kobané et de Djézireh» mais pour Richard Labévière «avant de considérer le «Rojava» comme une entité naturelle, géographique sinon éternelle qui aurait toujours existé, il faut s’arrêter un instant sur la généalogie historique de cette appellation pour mieux voir ce qu’elle recouvre». «Le terme est employé par certains mouvements nationalistes kurdes pour désigner une zone géographique, historiquement peuplée par les Kurdes, et incluse dans l’État syrien par les autorités françaises après la Première Guerre mondiale et le démantèlement de l’empire ottoman. En effet, par l’accord franco-turc du 20 octobre 1921, la France avait annexé à la Syrie et placé sous son mandat les provinces kurdes de la Djézireh et de Kurd-Dagh. Les populations kurdes occupaient le long de la frontière turque trois zones étroites séparées (sans continuité territoriale): les régions d’Afrine, de Kobané et de Qamichli, raison pour laquelle certains auteurs ne parlent pas d’un «Kurdistan syrien» mais plutôt de «régions kurdes de Syrie». Les trois enclaves kurdes prolongent néanmoins les territoires kurdes de Turquie et d’Irak». Richard Labévière compare «le Grand Israël» au «Rojova»: «Comme «Eretz-Israël» (le Grand Israël), le « Rojava » est, donc bien une création politique et idéologique qui relève de l’auto-proclamation d’organisations politiques kurdes et non d’une géographie qui s’imposerait depuis le début des temps. Par conséquent, il faudrait éviter d’utiliser cette appellation à tort et à travers comme s’il s’agissait du Pôle nord ou de la Terre Adélie!»
«Comme ils l’ont fait au Kosovo à la fin des années 1990 avec la création de l’UCK (Armée de libération du Kosovo) – une bande de voyous et d’assassins pratiquant les trafics d’armes, de drogues et d’organes -, les services spéciaux américains ont fabriqué les FDS, les «Forces démocratiques syriennes» dans l’Est de l’Euphrate, majoritairement à partir de factions kurdes et pro-kurdes. Pour ne pas prêter le flanc aux critiques adressées à une telle «milice confessionnelle» et présenter, à contrario, une devanture multiconfessionnelle, les services du Pentagone ont intégré aux FDS des «Arabes», souvent des combattants perdus, des mercenaires initialement engagés dans les rangs de la Qaïda ou de Dae’ch» explique Richard Labévière.
Si Richard Labévière accuse les médias occidentaux de colporter une désinformation sur la réalité kurde et s'étonne sur le silence de l'UE sur l'adhésion de la Turquie ou de l'OTAN sur l'action de son partenaire militaire, l'expert met aussi en cause la responsabilité des chefs kurdes : «Leurs difficiles revers militaires, leurs échecs successifs sont aussi et surtout le fait de leurs responsables politiques au premier rang desquels ceux des unités de protection du peuple (YPG), la branche armée du Parti de l’Union démocratique, le PYD».