La situation au Mali n'est pas en train de s'améliorer malgré l'intervention française par l'opération Barkhane et les millions d'euros dépensés. Les observateurs sont unanimes. «Cinq ans après sa création, Barkhane peine toujours à convaincre» écrit RFI ou c'est le site OrientXXI qui titre sur «le jeu trouble de l’État avec les milices» en confirmant dans un article le mauvais état du pays où «plus de cinq ans après l’intervention française, la situation au Mali ne cesse de se détériorer» avec l'Etat malien qui donne les armes aux milices.
«C’est la plus grosse opération extérieure dans laquelle l’armée française est engagée. Barkhane a aujourd’hui 5 ans» (…) «Intervenue après l’opération Serval au Mali, Barkhane devait initier une phase de stabilisation, mais cinq ans plus tard, l’opération semble s’être ensablée»; «Quelque 4 500 militaires français sont déployés dans cinq pays: le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, pour un budget annuel de 700 millions d’euros» explique RFI. L'opération Barkhane avait pour objectif à sa création de lutter contre le terrorisme dans le Sahel. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian avait pourtant justifié de manière optimiste cette opération au départ en 2014: «Le but de cette présence, c’est d’empêcher que l’autoroute de tous les trafics ne devienne un lieu de passage permanent de reconstitution des groupes djihadistes, ce qui entrainerait des conséquences graves pour notre sécurité». Le «G5 Sahel» a été fondé le 16 Février 2014 à Nouakchott en République Islamique de Mauritanie pour lutter contre le terrorisme au Sahel en mutualisant hommes et moyens sous un commandement unique. Le général Patrick Bréthous se montrait lui aussi optimiste au début de l'opération Barkhane en disant «un jour ou l’autre l’opération Barkhane s’achèvera. Nous sommes probablement là pour quelques mois ou quelques années, et au fur et à mesure, Barkhane petit à petit laissera la place à une autonomie de ces pays». La réalité du terrain est bien différente.
L'envoyé spécial de l'ONU pour le Mali, Mahamat Saleh Annadif, était en visite à Kidal ce mercredi 14 août. Mahamat Saleh Annadif a constaté l'absence de l'administration du Mali dans la ville de Kidal qui connaît pourtant une présence de la force française Barkhane et de la Minusma des Nations unies http://www.rfi.fr/afrique/20190815-mali-kidal-administration-retour . Le constat fait par l'envoyé spécial de l'ONU s'explique. L'Etat malien soutient les milices et en toute logique les milices semblent de fait remplacer l'Etat malien à Kidal. D'ailleurs, Rémi Carayol, un journaliste expert de l'Afrique, le dit: «Le gouvernement a fourni des armes à la milice»; «des diplomates, des chercheurs et des responsables politiques dénoncent depuis des mois, souvent en off, la passivité du pouvoir politique et du commandement militaire, et évoquent même une possible complicité». Rémi Carayol tente d'expliquer le pourquoi de cette alliance entre le gouvernement malien et les miciles: «Il est probable que dans un premier temps, le pouvoir politique malien a considéré ces milices comme des alliés nécessaires pour contrer l’influence des groupes djihadistes et pour contrôler des territoires qui échappent aux forces de sécurité». Au Mali des guerres tribales ont lieu. «Les tueries de civils se sont multipliées ces derniers mois dans le centre du Mali. À chaque fois, ce sont les mêmes récits qui reviennent: des hommes armés venus en 4x4 ou en moto encerclent le village, tirent sur tout ce qui bouge, y compris les animaux, puis mettent le feu aux habitations et aux greniers, avant de retourner chez eux. Parfois, ce sont des Dogons qui tuent des Peuls; d’autres fois, des Peuls qui tuent des Dogons».
Source: https://orientxxi.info/magazine/mali-le-jeu-trouble-de-l-etat-avec-les-milices,3207