29.04.2024
Les organisateurs des JO de Paris ont reçu la flamme olympique en Grèce dans la soirée du 26 avril. La flamme olympique entame maintenant sur le Belem depuis Athènes un périple de douze jours. Tout paraît merveilleux et bien s’annoncer. Pourtant Paris et la France ont bien changé.
La flamme olympique va affronter un chemin rempli de surprises en France. La cérémonie a eu lieu à Athènes, au stade Panathinaïkos, où les premiers Jeux olympiques de l'ère moderne ont été lancés en 1896. Vendredi, le président du Comité olympique grec, Spyros Capralos, a remis le flambeau au chef du comité d'organisation des Jeux de Paris, le triple champion olympique, le canoéiste français Tony Estanguet. Après avoir passé la nuit à l'ambassade de France, la flamme a été transférée à bord du trois-mâts français Belem qui a pris la mer le 27 avril. L'itinéraire est soigneusement planifié. Tout semble se dérouler comme prévu. Néanmoins, la «rue» qui mène aux Jeux olympiques est pleine de surprises qui augmentent chaque jour.
Menace de manifestations. Jeudi 25 avril, le conflit social entre les contrôleurs aériens français et les aéroports parisiens, qui a éclaté moins de 100 jours avant l'ouverture des Jeux olympiques de 2024, a rajouté beaucoup d'inquiétude à ses organisateurs. «L'impact de la grève sera très pénalisant pour les passagers», a souligné le PDG du Groupe Aéroports de Paris (ADP), Augustin de Romanet. En raison de la menace de grève, 55% des vols ont dû être annulés à l'aéroport Charles de Gaulle de la capitale, et 75% à Orly. Chaque camp a ses propres raisons.
Les compagnies étrangères desservant Paris insistent sur l'amélioration de l'efficacité du service de contrôle aérien. Les contrôleurs aériens comptent sur des compensations en raison de l’augmentation attendue du nombre de vols. Les syndicats menacent de ne pas respecter la «trêve sociale» olympique (refus des conflits sociaux pendant les Jeux). «Je ne le crois pas», a déclaré de Romanet, rappelant que le Syndicat national des contrôleurs aériens (SNCTA) avait promis lors des négociations en septembre qu'il ne sanctionnerait pas les Jeux olympiques.
D’ailleurs, le SNCTA a levé son préavis du jeudi dernier suite à un accord, mais la menace de grèves pour les JO reste réelle d’autant plus que de très fortes perturbations ont bien eu lieu. Le quotidien Les Echos évoque «les dessous de l'accord confidentiel qui a évité la grève», laissant transpirer les craintes du pouvoir politique français à l’horizon des JO.
Pour compliquer la tâche des aéroports, 64.000 accrédités, plus de 10.000 athlètes, transiteront par Roissy ou Orly. «114.000 bagages sont attendus, dont 17.000 hors format». «On ne traite pas de la même manière une raquette de tennis qu’un carton de déménagement», ajoute le PDG des aéroports de Paris.
Vols organisés, viols, coupe-gorge. La chronique des faits divers est riche concernant les vols organisés par des bagagistes et par des agents de maintenance de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle concernant les valises des voyageurs. Et, il y a les faux chauffeurs de taxi qui détroussent les touristes. Entre les voleurs, qui agissent à l’intérieur des structures des aéroports, il y a ceux qui volent dans la foule, et aussi sur la route.
«En 2020, les infractions liées aux faux taxis ont bondi de 30% dans l'agglomération parisienne», relève Le Parisien, précisant: «La perspective des Jeux olympiques, qui devraient attirer 16 millions de visiteurs en région parisienne, attise les convoitises des taxis clandestins qui escroquent et rackettent sans vergogne les touristes aux abords des aéroports parisiens. Une famille sud-coréenne s’est ainsi récemment vu facturer son trajet Roissy-Paris… 950 euros».
«Les braquages sur l’autoroute A1 se multiplient, inquiétude avant les JO», titre L'Automobile Magazine car «les vols avec violence à la portière s'y multiplieraient». Pour le RER, qui circule de Roissy à Paris, inutile de tracer un portrait de la réalité si déjà, dans une voiture, les touristes ne sont pas en sécurité. Le Parisien a titré: «Les voleurs ciblaient les voyageurs du RER qui revenaient de l’aéroport de Roissy». «20 000 agents manqueraient encore à l'appel pour les JO», signalait en mars dernier Ouest-France. RTL, ce 23 avril, stipule: «À trois mois des Jeux olympiques, Paris recherche toujours 8.000 agents de sécurité».
En arrivant en France, les touristes mais aussi les athlètes vont découvrir que la France est un coupe-gorge et que la vie à Paris a radicalement changé. Et, les émeutes de juin dernier restent toujours dans la mémoire des Français. Au risque de voir des scènes de pillages à l’occasion des JO, rien n’est exclu. Même parmi ceux qui doivent veiller à la sécurité des touristes, le danger rôde. «Un douanier de Roissy jugé pour agression sexuelle», annonce Mediapart. L’insécurité est partout et vient des salariés des aéroports, des forces de police, des bandes de voleurs et des escrocs. Et, il ne faut pas oublier les menaces terroristes.
Philippe Rosenthal
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