04.05.2023
La parité nucléaire entre Washington et Moscou a longtemps été considérée à juste titre comme la base d’une certaine stabilité dans les relations internationales. A savoir qu’un conflit ouvert entre les deux principales puissances du domaine représenterait la fin du monde tel que nous le connaissons. La partie russe a longtemps fait preuve de patience stratégique au vu de la responsabilité pour l’avenir de l’humanité tout entière. Mais cette patience peut-elle être infinie?
Le chantage nucléaire, auquel fait souvent référence ces derniers temps l’establishment occidental en accusant la Russie, doit surtout nous rappeler que le seul utilisateur jusqu’à présent de cette terrible arme étaient et restent les Etats-Unis. Avec les conséquences que l’on connait pour les populations ayant subi les premières et jusqu’à aujourd’hui les seules frappes à l’arme atomique de l’histoire de l’humanité. Plus exactement celles des villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945.
Les conséquences sont également bien connues: des centaines de milliers de morts, dans l’écrasante majorité civils, dont près des ¾ immédiatement après les bombardements. Pour les autres, ce sera dans les jours et les semaines qui ont suivi les dits bombardements. Stratégiquement ces frappes nucléaires n’avaient, au-delà de leur totale inhumanité, aucune valeur stratégique sur le front de guerre contre le Japon militariste, qui était déjà de-facto quasi-vaincu. Mais le message était autre et destiné à l’URSS, vainqueur indiscutable sur l’Allemagne nazie et qui ne possédait pas encore à cette période l’armement nucléaire.
Comme le rappelait d’ailleurs des dizaines d’années plus tard le premier président démocratiquement élu d’Afrique du Sud, Nelson Mandela. Tout en rappelant que l’utilisation de l’arme atomique par les USA n’était pas tellement destinée contre le Japon, militairement déjà pratiquement vaincu, mais bel et bien contre l’Union soviétique – qui ne possédait pas encore à cette période l’arme de dissuasion nucléaire et qui devenait déjà l’adversaire principal de Washington à l’international.
S’il est difficile de rajouter quelque chose aux paroles de l’ex-président sud-africain et du symbole de la lutte contre le régime raciste de l’apartheid – il faudrait juste rappeler que depuis l’acquisition par l’URSS de la technologie nucléaire et de la mise en place de la parité stratégique, le monde tout entier avait pu éviter la réalisation du plan d’autres utilisations de cette arme d’extrême destruction massive – par Washington et son axe atlantiste.
Qu’en-est-il d’aujourd’hui? A l’heure de l’affrontement décisif entre justement l’ Occident qui regroupe tous les nostalgiques de l’unipolarité contre celui de l’ordre multipolaire international, dont la Russie est l’une des principales représentantes, l’Occident et plus particulièrement les USA poussent chaque jour un peu plus le monde vers cet affrontement apocalyptique que peut représenter un conflit nucléaire. Cela est d’ailleurs parfaitement visible en Ukraine où se mène une guerre de-facto entre l’Otan d’un côté et la Russie de l’autre.
Malgré les quelques rappels du leadership russe quant aux capacités indéniables de dissuasion nucléaire – dans l’éventualité uniquement d’une situation extrême, la Russie ne se presse effectivement pas en devenir l’utilisateur, même dans un cadre d’une utilisation stratégique limitée.
Mais la patience russe peut-elle être appliquée à l’infini? Probablement pas. Et ce n’est tout sauf de la faiblesse comme le souhaiterait à présenter une partie de la propagande occidentale otanesque, mais bel et bien une responsabilité assumée vis-à-vis de toute l’humanité. Sauf que tout a une limite. D’autant plus que la Russie dans tous les cas ne portera jamais le titre du premier utilisateur d’armement nucléaire – l’histoire déjà rappelée oblige. Dans la mesure du possible – Moscou préférerait ne pas avoir à porter le titre même du second utilisateur. Mais tout dépendra de la conjoncture face à des nostalgiques de l’unipolarité vraisemblablement prêts à tout dans le cadre de leur politique de chaos mondial.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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