21.04.2022
Les relations américano-saoudiennes se trouvent à leur plus bas niveau sur fond d'invasion russe en Ukraine. Cette détérioration s'explique en partie par les exigences de la Maison Blanche d'augmenter la production pétrolière.
La tension entre les États-Unis et l'Arabie saoudite est à son apogée, écrit le Wall Street Journal relayant des politiciens américains et saoudiens.
Depuis 2019, le niveau des relations entre ces deux pays laissait déjà à désirer. Elles s'étaient dégradées à l'époque à cause du scandale lié à l'assassinat du journaliste saoudien d'opposition Jamal Khashoggi. Washington appelait à décréter des sanctions contre le prince héritier de l'Arabie saoudite, dont la politique était critiquée par le feu journaliste. Encore candidat à la présidence, le président actuel Joe Biden promettait de transformer l'Arabie saoudite en État voyou sur la scène internationale à cause de la situation des droits de l'homme dans ce pays.
Et à présent, les relations américano-saoudiennes se sont détériorées davantage à cause de la crise en Ukraine. Lors des récents contacts, le Maison Blanche cherchait à persuader Riyad d'augmenter la production pétrolière afin de réduire son prix sur le marché mondial. Ce qui devait "saper le financement" de l'opération militaire russe en Ukraine. Or le royaume n'avait pas réagi à cette requête. Le prince héritier Mohammed ben Salmane Al Saoud avait même élevé la voix en parlant au conseiller du président américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, quand ce dernier lui a posé une question sur l'assassinat de Jamal Khashoggi, écrit le WSJ. Le prince a répondu qu'il n'avait pas l'intention d'en parler et que les États-Unis pouvaient oublier leur demande concernant le pétrole.
Après quoi, l'Arabie saoudite a annulé la visite du chef du Pentagone Lloyd Austin. Bien que des sources du WSJ affirment que cette décision est due aux problèmes dans l'emploi du temps, Riyad a reçu le soir même un haut représentant russe se trouvant sur la liste des sanctions américaines.
L'Observateur Continental avait déjà évoqué le conflit entre les États-Unis et les monarchies du Golfe. En particulier, la Maison Blanche a jugé "insuffisamment articulée" la condamnation de Moscou par ces pays. Mais les États arabes ont également des reproches à faire à Washington. Ils affirment, entre autres, que les États-Unis sont incapables de réagir aux frappes à la roquette contre les pays du Golfe perpétrées par les rebelles Houthis au Yémen soutenus par l'Iran.
Il a été rapporté plus tôt que les autorités émiriennes et saoudiennes, depuis le début de l'opération russe en Ukraine, rejetaient fermement les demandes américaines d'organiser des entretiens téléphoniques. Sachant que même si les monarchies du Golfe ne s'empressent pas d'aider l'Occident à imposer un embargo sur le pétrole russe, elles profiteront forcément de la réduction inévitable de la part russe sur le marché pétrolier européen.
Alexandre Lemoine
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