17.04.2024
Le président de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis, Mike Johnson, a exposé sa proposition pour fournir une aide militaire à l'Ukraine et à Israël. La Chambre des représentants a décidé de séparer l'aide à Kiev et à Tel Aviv en différents projets de loi. Dans quelle mesure une telle approche est-elle viable et acceptable pour les deux chambres?
Une attaque massive de l'Iran contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril a poussé le Congrès des États-Unis à intensifier son travail sur la mise au point d'un train d'aide militaire aux alliés américains clés, à savoir Israël, l'Ukraine et Taïwan. Depuis plusieurs mois déjà, le Sénat, contrôlé par les démocrates, et la Chambre des représentants, où les républicains sont majoritaires, n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la quantité et la manière de fournir cette aide.
Lundi, le président de la chambre basse, le républicain Mike Johnson, a présenté à ses collègues de parti un plan concret pour sortir de cette impasse qui dure plusieurs mois.
Au lieu de fournir des fonds pour soutenir les alliés en un seul volet, comme cela se faisait auparavant, Johnson a proposé de les diviser en quatre projets de loi distincts.
L'aide militaire pour Israël et l'Ukraine sera divisée en deux projets de loi, un autre doit être adopté pour "renforcer nos alliés dans la région indo-pacifique", le quatrième prévoit "des mesures supplémentaires pour endiguer nos adversaires et renforcer notre sécurité nationale". M. Johnson a publié ce projet sur le réseau social X.
Selon The Hill, le dernier projet de loi comprendra une proposition de financement du soutien à l'Ukraine avec des actifs russes saisis, un plan pour fournir une partie de cette aide sous forme de prêts, ainsi que de nouvelles sanctions contre l'Iran suite à l'attaque contre Israël.
Le président de la Chambre des représentants n'a pas précisé quels fonds étaient prévus pour chaque projet de loi.
Le schéma proposé par le président de la chambre bassa permettra aux congressistes de décomposer le projet de loi du Sénat en parties et de choisir les segments qu'ils préfèrent. De plus, M. Johnson leur a permis de soumettre leurs propositions d'amendements pour chacun des projets de loi, écrit The Hill. "Ce week-end, mon téléphone n'arrêtait pas de sonner: tous les membres de la Chambre des représentants me faisaient part de leurs idées", a déclaré M. Johnson aux journalistes après une réunion des républicains à huis clos.
Mais une partie des républicains les plus radicalement orientés était extrêmement frustrée par sa proposition. Lors des discussions, ils ont insisté pour que l'aide à l'Ukraine soit liée à la lutte contre l'immigration illégale à la frontière américano-mexicaine. Cependant, les mesures correspondantes n'ont pas été incluses dans les projets proposés par le président de la chambre basse. "De nombreux conservateurs sont très contrariés par la façon dont cela se passe. Il a littéralement rompu sa promesse", cite The Hill Marjorie Taylor Greene, qui représente la Géorgie à la Chambre des représentants.
Mike Johnson a admis que les quatre projets de loi pourraient finalement être fusionnés en un seul avant d'être soumis au Sénat. "Je préférerais personnellement les traiter séparément, mais laissons la chambre décider", a-t-il déclaré. Cette option ne convient pas à certains républicains, y compris ceux qui avaient initialement soutenu l'idée de M. Johnson.
De plus, une partie des républicains s'oppose absolument à l'aide non remboursable à l'Ukraine. Certains membres les plus influents du parti, y compris l'ancien président des États-Unis Donald Trump et le sénateur Lindsey Graham, proposent de la fournir sous forme de prêts sans intérêt, y compris en garantie des actifs russes gelés aux États-Unis. "En ce qui concerne le projet de loi sur l'aide à l'Ukraine, [...] nous pensons à le faire sous forme de prêt, plutôt qu'un simple cadeau. Nous [les États-Unis] continuons de distribuer des cadeaux valant des milliards et des milliards de dollars", a déclaré Donald Trump après une rencontre avec Mike Johnson le 13 avril.
Pendant toute la période de discussions, l'administration de Joe Biden a continué à allouer une aide militaire à l'Ukraine. Fin décembre, le Pentagone a annoncé un nouveau paquet d'aide d'une valeur totale de 250 millions de dollars, comprenant des obus et d'autres munitions, ainsi que des éléments pour la défense aérienne et l'artillerie. Le 12 mars, Joe Biden a approuvé un autre volet d'aide d'urgence d'une valeur totale de 300 millions de dollars (ces fonds ont été économisés par le département de la Défense dans le cadre de contrats à long terme pour la production d'armements pour l'Ukraine). Le Pentagone a qualifié ce paquet de "bonne affaire unique" et a prévenu que le département ne pourrait pas continuellement soutenir le pays de cette manière.
Les perspectives des projets de loi initiés par Mike Johnson sont incertaines. Cette initiative n'a pas trouvé de soutien chez les démocrates, qui insistent sur une approche "groupée". En novembre 2023, la Chambre des représentants a adopté un projet de loi allouant 14,3 milliards de dollars à Israël, mais le Sénat a refusé de l'examiner hors du cadre lié à l'aide à l'Ukraine.
L'attention du public américain s'est déplacée de l'Ukraine vers le Moyen-Orient, et l'intérêt pour cette région ne fait qu'augmenter en raison du risque de guerre entre Israël et l'Iran, dans laquelle les États-Unis pourraient se retrouver impliqués.
Alexandre Lemoine
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